Croix-Rouge canadienne contribue à jeter les assises de communautés résilientes face à la multiplication des catastrophes et des situations d'urgence
Pour Croix-Rouge canadienne (CRC), aider ses concitoyens dévastés ou déplacés par des incendies de forêt, des inondations et des urgences sanitaires n'est plus une circonstance exceptionnelle - c'est la « nouvelle normalité ».
Conrad Sauvé, chef de la direction de CRC, affirme que la réponse aux crises locales et l'aide au développement de communautés résilientes sont désormais au cœur du travail de l'organisme. Il s'agit d'un changement majeur pour CRC, qui consacre aujourd'hui près de 80 % de ses activités aux opérations nationales, alors qu'elle se concentrait davantage sur l'aide humanitaire internationale par le passé.
« Les Canadiens comprennent, surtout après la saison des incendies, que nous ne sommes pas à l'abri des catastrophes naturelles et qu'il est à retenir que ces événements ne sont plus exceptionnels », a fait valoir M. Sauvé. « Il s'agit d'une nouvelle normalité d'événements liés aux changements climatiques et à d'autres événements perturbateurs, aggravés par certains autres enjeux : l'augmentation des migrations, l'augmentation du nombre de personnes déplacées - et une pénurie de logements en même temps. »
Le travail humanitaire international et la collecte de fonds pour soutenir ces efforts demeurent toutefois prioritaires pour Croix-Rouge canadienne. Plus récemment, l'accent a été porté sur le soutien des efforts internationaux menés pour aider les personnes touchées par la violence persistante au Moyen-Orient, en s'appuyant sur les principes d'humanité, de neutralité et d'impartialité.
La réactions à la crise humanitaire en cours s'accompagne d'une réponse aux besoins croissants au niveau national. Lorsqu'ils pensent aux Canadiens touchés par une inondation, un incendie ou une tornade, les gens pensent généralement à l'impact financier de la catastrophe, a déclaré M. Sauvé. Les régimes d'assurance ont été mis en place pour soutenir les individus qui subissent des pertes - et non pour des communautés entières où un millier de personnes ou plus peuvent être dévastées - et les gens se retrouvent généralement confrontés à des milliers de pertes non couvertes par leurs assurances.
Mais M. Sauvé a ajouté qu'il était également nécessaire de mieux comprendre l'impact émotionnel et le traumatisme à long terme que ces catastrophes entraînent pour les personnes et les communautés, et d'utiliser ce savoir pour planifier et mieux se préparer aux catastrophes inévitables qui se produiront à l'avenir.
Croix-Rouge canadienne a négocié un tournant majeur pendant la pandémie de COVID-19, utilisant son savoir-faire en matière d'interventions d'urgence dans le monde entier pour mobiliser 7 000 employés supplémentaires afin de contribuer à la mise en œuvre des programmes de quarantaine et de vaccination mis en place par le gouvernement. L'organisme a fait appel à des personnes qui s'étaient retrouvées au chômage en raison des fermetures généralisées : employés d'Air Canada, étudiants travaillant dans le secteur des services ou encore personnes ayant de l'expérience dans le domaine des soins médicaux.
« Nous avons mis sur pied une structure complète de soutien dans le cadre de nos interventions auprès des provinces, avec des diplômés internationaux en médecine, des personnes qui avaient une formation en médecine, mais qui n'avaient pas de permis de pratique », a-t-il déclaré.
Des bénévoles se sont également manifestés, mais aucune structure solide n'était en place pour les coordonner et les mobiliser, a indiqué M. Sauvé.
« En tant que Canadiens, nous n'étions pas préparés. Nous sommes agiles, mais nous ne sommes pas préparés. Nous ne prenons pas les devants et nous ne sommes donc pas prêts », a-t-il déclaré.
Par devant, tous les paliers gouvernementaux gagneraient à adopter une stratégie pour identifier les personnes vulnérables dans la communauté, disposer de ressources adéquates et maintenir l'interopérabilité afin que les provinces puissent s'entraider de la même manière que les pompiers le font aujourd'hui.
M. Sauvé exprime le vœu que les gouvernements s'inspirent des leçons tirées de la pandémie pour créer une « culture de la préparation » plus solide en prévision de la prochaine catastrophe. Tel n'a pas été le cas après l'épidémie de SRAS.
« Nous n'avons pas retenu les leçons... allons-nous retenir les leçons tirées dans le cadre de la pandémie de la COVID? Allons-nous maintenir nos capacités ou allons-nous aborder la prochaine crise en repartant de zéro? Et quel en sera le coût? Non seulement sur le plan financier, mais également sur ceux du coût et de l'impact sur les personnes », a-t-il fait valoir.
Selon M. Sauvé, souvent, les gouvernements collaborent très efficacement en temps de crise, mais retournent en vase clos une fois que la situation s'est apaisée. Est-il convaincu qu'il en sera autrement cette fois-ci et que les gouvernements adopteront des stratégies et des structures qui leur permettront de mieux réagir la prochaine fois?
« Nous y veillons », a-t-il déclaré.
M. Sauvé souhaite que les gouvernements comprennent l'importance de jeter les assises de communautés résilientes et mobilisées afin d'atténuer les points faibles et d'assurer un rétablissement plus rapide sur le plan individuel et collectif en cas de catastrophe.
« Il faut comprendre qu'il s'agit d'une valeur importante pour l'avenir et, selon moi, cela rejoint également l'esprit des objectifs de la Coalition », a-t-il conclu.