Les communautés autochtones au cœur de la croissance économique : la mission de l'AIOC pour jeter les assises d'un avenir prospère

Crédit photo L'Alberta Indigenous Opportunities Corporation

L'Alberta Indigenous Opportunities Corporation (AIOC) célèbre cinq années de changements économiques novateurs, un parcours qui illustre le rôle essentiel que jouent les communautés autochtones dans la promotion d'une croissance inclusive. Chana Martineau, cheffe de la direction de l'AIOC, a présenté un aperçu de son travail au cours d'une interview, soulignant comment la contribution des nations autochtones peut redéfinir le paysage économique du Canada.


Pour la plupart des gens, le chemin vers la croissance économique est simple : on achète une maison, on obtient un prêt hypothécaire ou on contracte un prêt pour fonder une entreprise. Ces outils permettent aux intéressés d'investir dans leur avenir, de se constituer un capital et de contribuer à la sécurité financière de la génération suivante. Mais pour de nombreuses communautés autochtones, l'impossibilité de détenir des terres ou des actifs en garantie signifie que ces possibilités leur sont fermées. Cet obstacle systémique étouffe toute possibilité d'investissement dans les infrastructures, les entreprises ou les projets à grande échelle qui pourraient générer de réels retours économiques.

Depuis des décennies, les communautés autochtones du Canada sont aux prises avec des limitations économiques, freinées par des restrictions enracinées dans la loi sur les Indiens. Contrairement aux autres Canadiens qui peuvent s'enrichir en utilisant des biens immobiliers ou des actifs commerciaux comme garantie pour des prêts, les peuples autochtones se voient souvent privés de ces opportunités. 

Chana Martineau, cheffe de la direction de l'Alberta Indigenous Opportunities Corporation (AIOC), fait bouger les choses. Au cours des cinq dernières années, le modèle novateur de garantie de prêt de l'AIOC, qui permet aux communautés des Premières Nations et des Métis d'investir dans des projets d'infrastructures à grande échelle, a été créatrice d'opportunités économiques et a rendu possible une croissance de rendements qui n'était pas possible auparavant.

« L'accès aux capitaux était difficile, de sorte que lorsque les entreprises cherchaient à s'associer avec leurs voisins autochtones, elles n'étaient pas sûres de pouvoir accéder aux capitaux, mais elles savent maintenant qu'il y a une certaine certitude, et sur les marchés financiers, cette certitude est primordiale », explique Mme Martineau. « Ils savent maintenant que leurs partenaires commerciaux peuvent se présenter avec de véritables capitaux d'investissement, ce qui permet à tous de faire avancer les projets ensemble. »

Les communautés autochtones et les groupes d'entreprises « peuvent ainsi se réunir et agir en véritables partenaires, ce qui n'était auparavant pas possible pour les Autochtones. ».

En éliminant les incertitudes qui entouraient l'enjeu du financement, l'AIOC favorise des collaborations significatives entre les groupes autochtones et les entreprises partenaires, ouvrant ainsi la voie au partage de la croissance et de la prospérité économique.

Depuis sa création en tant que société d'État albertaine, l'AIOC a soutenu 43 établissements des Premières Nations et des Métis dans le cadre de plus de huit projets, ce qui a eu un impact sur plus de 60 000 personnes et a permis de déployé plus de 720 millions $ sur son mandat initial de garantie de prêt de 3 milliard $. Des projets tels que l'investissement de 1,12 milliard $ dans la Trunkline Athabasca d'Enbridge illustrent la façon dont les initiatives menées par les Autochtones peuvent attirer l'attention nationale et internationale, explique Mme Martineau.

« C'est incroyable. Les gens nous manifestent tellement de soutien. Tous veulent en savoir plus », dit-elle. « Les enjeux coloniaux qui ont été les nôtres sont similaires à ceux que l'on retrouve dans le monde entier. L'Australie, le Japon, le Royaume-Uni, le Mexique - tous ceux qui observent ce que nous faisons y voient un modèle pour aller de l'avant. Vous savez, il y a cinq ans, nous n'étions qu'une petite idée inspirée par la réalisation d'un rêve. Nous sommes aujourd'hui devenus une force incroyable ».

« Les enjeux coloniaux qui ont été les nôtres sont similaires à ceux que l'on retrouve dans le monde entier. L'Australie, le Japon, le Royaume-Uni, le Mexique - tous ceux qui observent ce que nous faisons y voient un modèle pour aller de l'avant. Vous savez, il y a cinq ans, nous n'étions qu'une petite idée inspirée par la réalisation d'un rêve. Nous sommes aujourd'hui devenus une force incroyable ».

- Chana Martineau, cheffe de la direction de l'Alberta Indigenous Opportunities Corporation


Les démarches de l'AIOC vont au-delà des infrastructures. En permettant aux communautés autochtones de réinvestir dans leurs régions, les économies rurales et les communautés locales sont dynamisées. Par exemple, la Première Nation de Whitefish Lake a utilisé le produit de l'investissement pour construire une arène, ce qui a permis de créer des emplois locaux, d'offrir des possibilités de contrats et d'améliorer le bien-être de la communauté. Les retombées sont énormes, affirme Mme Martineau.

« Ce n'est pas seulement la nation qui bénéficiera de l'existence de cette arène, de ce centre, de ce cœur pour la communauté », dit-elle. « Nous savons tous, en poussant l'exemple un peu plus loin, ce que la saine pratique d'un sport signifie pour les jeunes, et lorsque des jeunes en meilleure santé participent à des activités sportives, près de chez eux, et qu'il y a plus d'emplois, cela génère des avantages économiques et de la prospérité dans toutes les régions et rend l'ensemble de la région plus forte et plus performante.

La reproduction de ce système à l'échelle nationale permet d'obtenir des résultats encore meilleurs », dit-elle.

« Si l'on étend ce type de démarche d'est en ouest, nous pourrons accroître le dynamisme de l'ensemble du pays en stimulant l'activité économique dans les établissements des Premières Nations et des Métis où il n'y avait pas de force économique auparavant », dit-elle, ajoutant que la santé de la population se traduit par la santé des communautés ainsi que de celles et ceux qui travaillent et par une économie plus productive et plus prospère pour tous les Canadiens.

« Je pense que c'est quelque chose qui nous fait cruellement défaut, malheureusement. Le rapport de la Coalition contient plusieurs données qui l'illustrent bien, et il est donc très important que nous fassions des progrès en ce qui concerne ces programmes de garantie de prêts pour les Autochtones. »

En tant que membre de la Coalition, Mme Martineau estime que les deux organismes sont en phase. « La Coalition offre la possibilité de collaborer avec des organismes qui partagent les mêmes idées. Elle nous aidera à faire davantage entendre notre voix. Elle nous aidera à mieux nous comprendre entre membres, et nous devons nous concerter pour résoudre ces problèmes », indique-t-elle.

En ce qui concerne la croissance économique, Mme Martineau estime qu'il faut se concentrer sur la participation des Autochtones à l'économie. « Le Canada est un grand pays et nous nous sommes développés ces dernières années. Je pense qu'il est temps pour nous de briller à nouveau », a-t-elle fait valoir. « Croissance et opportunités sont synonymes de communautés saines, de participation et  d'inclusion de tous. Nous devons nous concentrer sur la croissance, et la participation des communautés autochtones prospères à l'économie nous aidera à y parvenir. »


« Croissance et opportunités sont synonymes de communautés saines, de participation et  d'inclusion de tous. Nous devons nous concentrer sur la croissance, et la participation des communautés autochtones prospères à l'économie nous aidera à y parvenir. »

Chana Martineau, cheffe de la direction de l'Alberta Indigenous Opportunities Corporation


Au niveau fédéral, le budget de 2024 proposait de fournir à Ressources naturelles Canada 16,5 millions $ sur deux ans, à partir de 2024-25, y compris un soutien aux groupes et aux demandeurs autochtones et la mise en œuvre du programme de garantie des prêts aux autochtones par la Société d'investissement pour le développement du Canada. 

Mme Martineau se réjouit de voir le programme national démarrer et travaille avec RNCan et le CDEV à son lancement. Elle ajoute qu'il s'agit d'une occasion de s'associer avec le gouvernement fédéral pour la bonne marche de projets intergouvernementaux. 

« Les grands projets d'infrastructures ne s'arrêtent généralement pas aux frontières provinciales, et c'est donc un moment très excitant que de pouvoir travailler ensemble et de donner vie à ce rêve », dit-elle. « Je pense que c'est une excellente chose pour notre pays, pour notre province et pour les autres collectivités publiques. De nombreuses provinces ne sont pas au même niveau d'avancement que l'Alberta ou envisagent tout juste de lancer des programmes, de sorte que le programme du gouvernement fédéral peut leur servir de soutien, ainsi qu'à nous. Il s'agit d'une véritable opportunité de partenariat sur de grands projets ».

Grâce à l'innovation, à la collaboration et à l'attention constante portée aux résultats, l'AIOC prouve que, lorsque les communautés autochtones prospèrent, c'est toute la nation qui s'en trouve renforcée. C'est pourquoi le message de Mme Martineau aux gouvernements est de « se concentrer sans relâche sur les résultats ».

Selon elle, les gouvernements superposent souvent trop d'objectifs politiques, ce qui rend difficile l'obtention des résultats escomptés. Le succès de l'AIOC est attribuable au fait qu'elle se concentre sur la réconciliation économique des Autochtones.

« On obtient des résultats plus durables, des investissements énergétiques plus écologiques et tournés vers l'avenir lorsque des Autochtones sont présents à la table des négociations. Mais si l'on superpose trop d'éléments dans le cadre d'une politique ou d'un programme en particulier, il devient si difficile d'arriver au résultat souhaité que rien ne se passe », indique-t-elle, ajoutant que les programmes universels ne sont pas efficaces.

« Je crois fermement que nous sommes en train de changer la façon dont les peuples autochtones interagissent avec le reste de notre pays. Il y a une opportunité d'inclusion jamais vue auparavant, et je suis fière que l'AIOC contribue à montrer la voie ».


«  On obtient des résultats plus durables, des investissements énergétiques plus écologiques et tournés vers l'avenir lorsque des Autochtones sont présents à la table des négociations. Mais si l'on superpose trop d'éléments dans le cadre d'une politique ou d'un programme en particulier, il devient si difficile d'arriver au résultat souhaité que rien ne se passe ».

Chana Martineau, cheffe de la direction de l'Alberta Indigenous Opportunities Corporation


Bien que le voyage n'ait pas été sans difficulté, Mme Martineau compare le travail de l'AIOC à celui d'un brise-glace, qui ouvre des voies que d'autres suivront. Alors que le mandat de la société s'étend à des secteurs tels que le tourisme, elle continue de s'adapter, en apprenant de nouveaux modèles pour soutenir la croissance de l'Alberta.

L'année dernière, le gouvernement de l'Alberta a élargi le mandat de l'AIOC, qui est passé de 1 milliard $ à 3 milliards $. Mme Martineau estime qu'il s'agit là d'un « immense vote de confiance » et que ce modèle est là pour durer.

Par-devant, Mme Martineau imagine un futur où les communautés autochtones auront une participation active dans tous les secteurs de l'économie albertaine. « Le gouvernement nous aide à nous intégrer et à susciter de grandes opportunités de croissance pour la province. Nous rêvons de voir toutes les communautés autochtones de l'Alberta participer à l'investissement dans des projets à grande échelle, et participer pleinement à l'économie, et qu'elles soient soutenues par l'AIOC dans le cadre de garanties de prêt. C'est notre rêve », déclare-t-elle. « Nous avons accompli beaucoup de choses au cours de nos cinq premières années d'existence, et j'ai hâte de voir la suite des choses. »

Crédit photo L'Alberta Indigenous Opportunities Corporation

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