La montée du pessimisme chez les jeunes peut être surmontée grâce à des solutions pour une croissance inclusive et durable, affirment les panélistes de l'Université de l'Alberta
Les jeunes Canadiens continuent d'éprouver de l'anxiété et du pessimisme à l'égard de l'économie et de l'environnement, mais il reste de l'espoir et de l'optimisme pour un avenir inclusif et durable, ont fait valoir les panélistes à l'occasion d'un récent événement à l'Université de l'Alberta.
Lisa Raitt, coprésidente de la Coalition pour un avenir meilleur, a souligné au cours de la discussion qu'il existe un sentiment d'insatisfaction parmi les jeunes Canadiens sur des enjeux tels que l'accessibilité au logement, la stagnation des salaires et l'accès à des emplois de qualité. Les sondages de la Coalition, menés par Nanos Research, montrent que 64 % des jeunes Canadiens (âgés de 18 à 30 ans) estiment que la croissance économique va dans la mauvaise direction, et que beaucoup se sentent exclus des opportunités qui s'offrent en matière économique.
Cela a suscité une question de la part d'un membre de l'auditoire sur l'importance de la croissance économique au vu des problèmes de durabilité. « Pourquoi essayons-nous de croître sur une planète dont les ressources sont limitées et dont nous dépassons les limites depuis bien trop longtemps? Mes étudiants se déconnectent lorsqu'ils se disent : “Oui, je ne vois toujours pas de nouvelle proposition qui me soit présentée”. Ils n'ont pas confiance dans les systèmes qui les entourent et ne croient pas que les dirigeants vont leur présenter un nouveau discours auquel ils pourront adhérer ».
En réponse, Mme Raitt a fait remarquer que les jeunes Canadiens sont souvent surdiplômésm mais sous-payés, et qu'ils n'ont pas de pouvoir d'achat. « Si on peut remédier à cette situation avec un plan économique à long terme, cela leur donnera peut-être un peu d'air pour être plus optimistes quant à l'avenir », a-t-elle affirmé, ajoutant que les étudiants croulent sous les dettes alors que les salaires stagnent et que les emplois sont rares. « Si nous corrigeons la situation avec un plan économique à long terme qu'ils peuvent soutenir et qui les enthousiasme, c'est la meilleure chose que nous puissions faire pour eux. »
Mme Raitt s'est exprimée dans le cadre d'une Tournée des campus organisée par la Coalition pour un avenir meilleur et soutenue par Shell Canada. Ce programme permet aux coprésidentes de se rendre dans les universités, les collèges et les centres de formation de tout le pays pour s'entretenir avec les leaders de demain.
Outre Mme Raitt et la coprésidente Anne McLellan, Simon Dyer, directeur général adjoint de l'Institut Pembina, s'est joint à la discussion animée par Marvin Washington, doyen du College of Social Sciences & Humanities. Andrea Hepp, présidente d'Atlas Carbon Storage chez Shell, était également présente.
M. Dyer a indiqué qu'il comprenait la frustration des jeunes Canadiens, étant donné que l'année 2023 a été enregistrée comme l'année la plus chaude. « C'est assez terrifiant, n'est-ce pas? “Nous avons peut-être déjà atteint le seuil de 1,5 degré. On peut donc comprendre l'anxiété et la colère.”
Toutefois, M. Dyer s'est montré optimiste quant au fait que des échanges importants sur les solutions sont en cours, même s'il semble que les progrès soient lents.
“L'attention portée aux politiques au cours des cinq dernières années est supérieure à celle des 50 années précédentes”, a-t-il déclaré. “Le monde installe aujourd'hui plus d'énergie renouvelable par jour qu'il n'en existait dans le monde entier jusqu'en 2005. Nous parlons donc d'une croissance des solutions à un rythme que nous n'avons jamais connu auparavant. Nous avons donc l'impression d'essayer des choses que nous n'avons jamais essayées auparavant. Je ne suis donc pas encore prêt à abandonner”.
Selon Mme McLellan, il doit s'agir d'une » croissance économique propice », une croissance inclusive et durable.
« Nous ne pouvons pas continuer de faire ce que nous avons toujours fait », a-t-elle fait valoir. « Les instigateurs de la création de la Coalition savaient au départ qu'il ne servait à rien de se contenter de parler de croissance économique dans les mêmes termes que ceux que nous avons toujours utilisés. Car vous avez raison, les gens s'en détourneront pour diverses raisons : les jeunes pour un certain nombre de raisons, les personnes âgées pour un certain nombre d'autres raisons. Ils diront simplement : “Non, ça n'a pas marché” ou “ça n'a pas marché comme je le pensais. »
Selon Mme Hepp, c'est pour faire participer les jeunes aux solutions qui façonneront l'avenir que Shell Canada s'est associée à la Coalition. Dans le cadre de la Tournée des campus, plus de 500 étudiants de partout au Canada ont discuté directement de ces enjeux cruciaux.
« Pour moi, c'est très important », a-t-elle déclaré. « Il s'agit vraiment de savoir comment nous stimulons l'économie canadienne.
Elle a précisé que les étudiants présents étaient « nos futurs dirigeants » et « nos futurs modèles », ajoutant : « Comment construirez-vous un avenir meilleur et durable pour votre génération, pour les générations futures et pour leurs descendants? »
Évoquant la vigueur future de l'économie canadienne, M. Dyer a souligné que le Canada n'investissait pas dans la transition énergétique au même niveau que d'autres pays, déclarant que pendant que « le reste du monde parlait de l'essor de l'énergie propre, nous regardions en quelque sorte vers l'intérieur et menions des luttes provinciales sur la question ». Il ajoute qu'en tant que pays, « nous devons voir plus grand ».
M. Dyer a ajouté que la croissance durable ne se limite pas aux énergies renouvelables. « Nous devons utiliser tous les leviers à notre disposition », a-t-il déclaré, ajoutant que le captage et le stockage du carbone ont un rôle à jouer, faisant référence au projet Quest de captage et de stockage du carbone (CCS) de Shell. « Nous devons aller au-delà de la rhétorique et commencer à mettre les choses en œuvre. »
Un autre enjeu soulevé par un membre de l'auditoire concernait le mouvement syndical et la façon dont les jeunes perçoivent le monde du travail.
« Nous sommes à un moment charnière en ce qui concerne les syndicats et les travailleurs, et les jeunes commencent à s'apercevoir de leur existence », a déclaré le membre de l'auditoire. « Nous avons une société démocratique, mais à de nombreux endroits, nous avons des lieux de travail totalitaires. Si nous considérons les syndicats comme des forces créatives et collaboratives qui peuvent travailler avec les employeurs et créer la possibilité d'inclusion, d'appartenance, d'opportunités d'apprentissage permanent, de participation créative dans nos sociétés, je pense que nous nous en porterions mieux ».
Mme McLellan a répondu qu'il y a des périodes où les syndicats, les employeurs et les associations commerciales et industrielles se rassemblent, la plus récente étant celle de la pandémie de COVID. « Il y a des périodes de collaboration et j'aimerais penser qu'en général, les relations entre les syndicats et les employeurs sont pragmatiques », a-t-elle déclaré. « Il y a une relation de travail pragmatique parce que les deux parties comprennent que c'est la seule façon de survivre. »
M. Raitt a indiqué que la Coalition entretient des relations avec les organismes syndicaux, mais qu'ils devraient être davantage représentés au sein de la Coalition.
« Nous sommes conscients qu'ils doivent être entendus, mais nous sommes également conscients que nous ne les représentons pas. Et notre but n'est pas de prescrire ce à quoi doit ressembler un lieu de travail, mais d'encourager les gens à collaborer sur le lieu de travail », a-t-elle fait valoir.
Un des principaux thèmes de la discussion a été la signification de la croissance économique pour les individus. Mme Raitt a fait valoir qu'à l'approche de la campagne électorale fédérale, les décideurs politiques devraient savoir ce qui est important pour les Canadiens. Pour elle, la croissance économique signifie avoir les revenus nécessaires pour s'attaquer aux problèmes liés à la maladie d'Alzheimer et aux démences et pour aider les patients.
« C'est ma préoccupation personnelle. C'est donc quelque chose que je veux que les gens comprennent et sachent. La croissance économique signifie que nous aurons suffisamment d'argent pour être en mesure de payer des soins de qualité pour nos populations vieillissantes et les personnes atteintes de démence, car il s'agit d'un secteur en pleine croissance », a-t-elle indiqué.
Pour Mme McLellan, la croissance économique passe par l'amélioration des infrastructures dans les régions rurales du Canada. Ayant grandi dans une ferme laitière et dont la famille exploite toujours une ferme laitière, elle comprend la nécessité de disposer d'infrastructures fiables et d'un accès à large bande pour faire des affaires.
« Les robots traient les vaches, n'est-ce pas? De quoi les robots ont-ils besoin? D'une alimentation électrique fiable. Ils ont besoin d'un réseau stable et efficace, et en Nouvelle-Écosse, ils n'y ont pas accès à l'heure actuelle. La croissance économique, d'un point de vue personnel, dépend d'une infrastructure fiable, du réseau électrique, dans mon exemple, mais cela pourrait aussi être la large bande. C'est un aspect fondamental de l'infrastructure. »
Mme Raitt a rappelé qu'il était important de veiller à ce que le Canada rural bénéficie également de la croissance économique et a cité le Tableau de bord de la Coalition, qui mesure les progrès accomplis sur un certain nombre de paramètres économiques clés.
« Nous examinons les problèmes économiques à long terme auxquels est confronté le Canada rural, par exemple le haut débit, n'est-ce pas? Il est beaucoup plus difficile de faire des affaires lorsqu'on ne dispose pas d'une connexion Internet stable et rapide », a-t-elle insisté. Nous voulons que les jeunes, les habitants des zones rurales et tous les Canadiens puissent dire : « D'accord, nous mesurons ce que nous faisons au Canada. Nous ne nous en sortons pas très bien. Nous voulons du changement ».